Ostéopathie : Au service de la vie

ostéopathe gordes Jules Rampal

Un texte magnifique de Rachel Naomi Remen dont je vous propose une traduction personnelle. Ce texte fait écho à ma façon de travailler en ostéopathie. Une ostéopathie au service de votre santé.

Au service de la vie.

« Ces dernières années, la question « Comment puis-je aider ? » est devenue pleine de sens pour de nombreuses personnes. Mais peut-être il y a-t-il une question plus profonde que nous pourrions considérer. Peut-être que la véritable question n’est pas « Comment aider ? » mais « Comment être au service ? ». Être au service est différent d’aider. Aider est basé sur une inégalité; ce n’est pas une relation d’égal à égal. Quand vous aidez, vous utilisez votre propre force pour aider ceux qui ont moins de force. Si je suis attentif.ve à ce qu’il se passe en moi lorsque j’aide, je trouve que je suis toujours entrain d’aider quelqu’un qui n’est pas aussi fort que je le suis, quelqu’un qui a un besoin que je n’ai pas. Et les gens ressentent cette inégalité. Quand on aide, il se peut que nous prenions par inadvertance plus que ce que nous ne pourrons jamais leur donner; il se peut que nous réduisions leur confiance en eux, leur sentiment de valeur, d’intégrité et leur entièreté (wholeness). Quand j’aide, je suis très au fait de ma propre force. Mais nous ne pouvons pas être au service avec force. On se met au service avec ce que nous sommes. On puise dans toutes nos expériences. Nos limites sont au service, nos blessures sont au service, et même notre part d’ombre peut être au service. L’entièreté en nous est au service de l’entièreté chez les autres et de l’entièreté de la vie. L’entièreté en vous est la même que l’unicité en moi. Être au service est une relation d’égal à égal.

Aider entraine une dette. Lorsque vous aidez quelqu’un, cette personne vous en doit une. Mais être au service, tout comme la guérison, est une action partagée. Il n’y pas de dette. Je suis autant servi que la personne que je sers. Quand j’aide, j’ai un sentiment de satisfaction. Quand je suis au service, j’ai un sentiment de gratitude. Ce sont deux choses très différentes.

Être au service est aussi très différent de réparer (to fix). Quand je répare quelqu’un, je perçois cette personne comme étant brisée. Et c’est leur état brisé qui me demande d’agir. Quand je répare, je ne vois pas l’entièreté de l’autre personne ou je ne fais pas confiance à l’intégrité de la vie en eux. Quand je suis au service, je vois et je fais confiance à cette entièreté. C’est ce à quoi je réponds et ce avec quoi je collabore.

Il y a une distance entre nous et la personne ou la chose que nous guérissons. Réparer est une forme de jugement. Tout jugement crée de la distance, une déconnexion, une expérience de différence. Dans l’acte de réparer, il y a une inégalité d’expertise qui peut facilement devenir une distance morale. On ne peut pas servir à distance. On ne peut servir que ce avec quoi nous sommes profondément connecté; ce que nous sommes prêt à toucher. Voici le message de Mère Teresa. Nous ne sommes pas au service de la vie car elle est brisée. Nous sommes au service de la vie car elle est sacrée.

Si aider est une expérience de force, réparer est une expérience de maitrise et d’expertise. Être au service, à l’inverse, est une expérience du mystère, d’abandon et d’émerveillement. Un réparateur à l’illusion d’être causal. Un serviteur sait qu’il ou elle est utilisée et a la volonté d’être utilisé au service de quelque chose de plus grand, quelque chose essentiellement inconnu.

Réparer et aider sont des choses très personnelles; ce sont des choses très particulières, concrètes et spécifiques. Nous réparons et nous aidons de nombreuses choses différentes au cours de nos vie, mais lorsque nous sommes au service, nous sommes toujours au service de la même chose. Nous sommes les serviteurs de l’entièreté et du mystère de la vie.

En d’autres termes, bien sûr, nous pouvons réparer sans être au service. Et nous pouvons aider sans être au service. Je pense même pouvoir dire que réparer et aider peuvent souvent être le travail de l’égo, et qu’être au service est le travail de l’âme. Tout ceci peut sembler similaire si vous observez depuis l’extérieur, mais l’expérience interne est différente. Le résultat est lui aussi différent.

Notre service nous sert autant qu’il sert les autres. Ce qui nous utilise nous renforce. Avec le temps, réparer et aider sont des actions fatigantes, épuisantes. Avec le temps, nous nous consumons. Être au service est ravivant. Lorsque nous sommes au service, notre travail nous soutient.

Le service repose sur le postulat de base que la nature de la vie est sacrée, que la vie est un mystère saint qui a un but inconnu. Fondamentalement, aider, réparer, et être au service sont des façons de voir la vie. Lorsque vous aidez, vous voyez la vie comme étant faible; lorsque vous réparez, vous voyez la vie comme étant brisée. Lorsque vous êtes au service, vous voyez la vie comme un tout (whole). Dans la perspective du service, nous sommes tous connectés. Toute souffrance est comme ma souffrance, et toute joie est comme ma joie. Le besoin de servir émerge naturellement et inévitablement de cette façon de voir.

Enfin, réparer et aider sont les bases du traitement, mais pas de la guérison. En 40 ans de maladie chronique, j’ai été aidée par de nombreuses personnes et réparée par un grand nombre d’autres qui n’ont pas reconnu mon entièreté. Toute ces réparations et cette aide m’ont blessé de manière importante et fondamentale. Seul le service guérit. »

Rachel Naomi Remen, In the Service of Life. Traduction de Jules Rampal, Ostéopathe à Gordes.

D’autres traductions ici et ici.

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Jules Rampal, ostéopathe Gordes

Ostéopathe pour nourrissons et adultes à Gordes, diplômé depuis plus de 10 ans et ayant travaillé dans plusieurs pays. French and English speaking.

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